12/28/2014

Sun Kil Moon - Benji

Mark Kozelek, natif de l'Ohio, actif depuis un quart de siècle, avec les Red House Painters, Sun Kil Moon ou en solo, le prolifique chanteur ferait passer Bonnie Prince Billy (un ami) pour un oisif et le taiseux Bill Callahan pour un moulin à paroles.

Puisant son énergie dans des idées plutôt noires qu'il couche dans de longs textes dignes d'un Townes Van Zandt caustique et pragmatique, Kozelek publie à la chaîne des albums, souvent enchanteurs, d'une americana crépusculaire, qui font le bonheur de ses inconditionnels.

Et si Benji changeait la donne ? Non pas que Kozelek y bouscule ses habitudes, au contraire : il semble même y atteindre la plénitude de son art.

Ses textes d'une déroutante honnêteté et impudeur trouvent ici un parfait écho au timbre légèrement rugueux et voilé, si émouvant, du chanteur, et dans des arrangements, entre folk et rock, aussi sobres qu'hypnotisants.

Benji ne parle ici que de la mort : la petite (Dogs retrace crûment le parcours romantico-sexuel de l'auteur), l'absurde (une cousine, puis un oncle, tous deux victimes d'explosions de bombes aérosols), l'injuste (un proche qui, après avoir laissé euthanasier sa femme, rate son suicide dans la foulée), l'immorale (le décès récent, de cause naturelle, du serial killer Richard Ramirez).

Mais Kozelek, avec son tendre humour noir, chante aussi l'attachement à un père qui l'a battu, à une mère dont il ne pourrait se passer, et dont il redoute les fins inévitables. Sans oublier le lien, forcément imparfait, qui l'unit à sa compagne actuelle.

Du lourd, du vécu, d'une sincérité inhabituelle. Difficile de ne pas être touché. Et même bouleversé.

(extrait d'un article d'Hugo Cassavetti)

L'album qui a enchanté mon année 2014.
Chris




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